A la Croisée des Mondes...
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... là où l'écriture devance la pensée et défie l'imagination...
 
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 [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert

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Letenastärë
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Letenastärë


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MessageSujet: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 28 Aoû - 15:25

Madame Bovary, Flaubert

Résumé
Au fond d'une bourgade normande du siècle dernier, une jeune femme jolie et mal mariée s'ennuie, se rêve en héroïne romantique, s'exalte à la rencontre de jeunes gens inconsistants et se leurre sur les sentiments qu'ils lui portent.
Sur cette trame infime, Flaubert trace le portrait impitoyable et ironique d'une société provinciale aux sentiments mesquins et aux horizons bornés. Mais au-delà de l'histoire adultère d'Emma, c'est tout le drame de la condition féminine au X1Xe siècle qui se joue. Car la « petite femme » de l'officier de santé, tourmentée par une sensualité inassouvie, n'a d'autre choix que d'attendre celui qui l'arrachera à sa morne existence. Trop pressée de s'enfuir, Emma court à sa perte.

Extrait 1
Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva, comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir; puis, se tournant vers le maître d'études :
- Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoire, il passera dans les grands, où l'appelle son âge.
Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous.
On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.
ous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille, en faisant beaucoup de poussière; c'était là le genre.
Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manœuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ses coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poil de lapin; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or en manière de gland. Elle était neuve; la visière brillait.
- Levez-vous, dit le professeur.
Il se leva : sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.
Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d'un coup de coude; il la ramassa encore une fois.
- Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur qui était un homme d'esprit.



Quelques remarques
Je l'ai lu durant mon été, et j'avoue que c'est d'un réalisme marquant... La décadence de cette femme douée, intelligente et belle est monstrueuse. Ca fait mal au coeur, ça répugne par moment, et on ne peut s'empêcher d'avoir pitié et même de souffrir avec les personnages parfois. De plus, je n'en croyais pas mes yeux ni mes sentiments quand j'ai vérifié par moi-même que ce livre comporte une des fins les plus tragiques des romans dits "classiques". C'est aussi pour ça que je l'ai lu et je n'ai pas été déçue du voyage.
Aussi, si vous avez du mal au début, accrochez-vous : ça a été mon cas et une fois que j'ai été lancée j'étais aux anges.


Dernière édition par le Lun 28 Aoû - 21:21, édité 2 fois
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Amaryllis
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 28 Aoû - 19:24

Je l'ai lu avec beaucoup d'amour et de respect pour le style d'écriture de Flaubert, il y a quelques années, à la suite de "L'Education Sentimentale". Et ce qui m'a beaucoup marqué avec Flaubert, c'est que ces deux gros pavés, je les ai lu uniquement parce que je suis tombée à chaque fois sur un seul passage du livre qui m'avait beaucoup impressionné. C'est pour cela que comme extrait de Mme Bovary, j'en aurai mis un autre, celui qui m'a décidé à le lire : la toute première description de Madame Bovary (ou une des toutes premières) qui se trouve, dans une des éditions, sur la quatrième de couverture. Si tu le retrouve, je donne un indice, on parle de la courbe de ses cils (je dis ça parce que moi je ne peux pas le retrouver).

Pour l'éducation sentimentale, c'est un passage magnifique et très connu... Elle était assise, au milieu du banc, toute seule, ou du moins il ne distingua rien dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux... Vous voulez le lire? Smile
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 28 Aoû - 21:03

Oui, je suis adepte de l'écriture de Flaubert : Une vraie merveille ! [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert Biggrin
Pour le passage decriptif, j'essaierai de le rechercher. En fait, celui-ci je l'ai trouvé sur le net tout tapé, donc je l'ai mis. J'en mettrai d'autres...

Pour l'éducation sentimentale, je vois tout à fait du passage dont tu parles. "Comme une apparition". C'est un des plus célèbre. Je pense créer égalemenbt un article sur L'éducation sentimentale. [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert Wink N'hésite pas à ajouter d'autres commentaires. [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert Smile
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 28 Aoû - 21:07

Extrait 2 : Le bal à Vaubyessard
Le château, de construction moderne, à l'italienne, avec deux ailes avançant et trois perrons se déployait au bas d'une immense pelouse où paissaient quelques vaches, entre des bouquets de grands arbres espacés, tandis que des bannettes d'arbustes, rhododendrons, seringas et boules-de-neige bombaient leurs touffes de verdure inégales sur la ligne courbe du chemin sablé. Une rivière passait sous un pont ; à travers la brume, on distinguait des bâtiments à toit de chaume, éparpillés dans la prairie, que bordaient en pente douce deux coteaux couverts de bois, et par-derrière, dans les massifs, se tenaient, sur deux lignes parallèles, les remises et les écuries, restes conservés de l'ancien château démoli.
Le boc de Charles s'arrêta devant le perron du milieu ; des domestiques parurent ; le marquis s'avança, et, offrant son bras à la femme du médecin, l'introduisit dans le vestibule.
Il était pavé de dalles en marbre très haut, et le bruit des pas, avec celui des voix, y retentissait comme dans une église. En face montait un escalier droit, et à gauche une galerie, donnant sur le jardin, conduisait à la salle de billard dont on entendait, dès la porte, caramboler les boules d'ivoire. Comme elle la traversait pour aller au salon, Emma vit autour du jeu des hommes à figure grave, le menton posé sur de hautes cravates, décorés tous, et qui souriaient silencieusement, en poussant leur queue. Sur la boiserie sombre du lambris, de grands cadres dorés portaient, au bas de leur bordure, des noms écrits en lettres noires. Elle lut: « Jean-Antoine d'Andervilliers d'Yverbonville, comte de la Vaubyessard et baron de la Fresnaye, tué à la bataille de Coutras, le 20 octobre 1587. » Et sur un autre : « Jean-Antoine-Henry-Guy d'Andervilliers de la Vaubyessard, amiral de France et chevalier de l'ordre de Saint-Michel, blessé au combat de la Hougue-Saint-Vaast, le 29 mai 1692, mort à la Vaubyessard le 23 janvier 1693.» Puis on distinguait à peine ceux qui suivaient, car la lumière des lampes, rabattue sur le tapis vert du billard, laissait flotter une ombre dans l'appartement. Brunissant les toiles horizontales, elle se brisait contre elles en arêtes fines, selon les craquelures du vernis ; et de tous ces grands carrés noirs bordés d'or sortaient, çà et là, quelque portion plus claire de la peinture, un front pâle, deux yeux qui vous regardaient, des perruques se déroulant sur l'épaule poudrée des habits rouges, ou bien la boucle d'une jarretière au haut d'un mollet rebondi.
Le marquis ouvrit la porte du salon ; une des dames se leva (la marquise elle-même), vint à la rencontre d'Emma et la fit asseoir près d'elle, sur une causeuse, où elle se mit à lui parler amicalement, comme si elle la connaissait depuis longtemps. C'était une femme de la quarantaine environ, à belles épaules, à nez busqué, à la voix traînante, et portant, ce soir-là, sur ses cheveux châtains, un simple fichu de guipure qui retombait par-derrière, en triangle. Une jeune personne blonde se tenait à côté dans une chaise à dossier long ; et des messieurs, qui avaient une petite fleur à la boutonnière de leur habit, causaient avec les dames, tout autour de la cheminée.
A sept heures, on servit le dîner. Les hommes, plus nombreux, s'assirent à la première table, dans le vestibule, et les dames à la seconde, dans la salle à manger, avec le marquis et la marquise.
Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l'odeur des truffes. Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les cloches d'argent ; les cristaux à facettes, couverts d'une buée mate, se renvoyaient des rayons pâles ; des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table, et, dans les assiettes à large bordure, les serviettes, arrangées en manière de bonnet d'évêque, tenaient entre le bâillement de leurs deux plis chacune un petit pain de forme ovale. Les pattes rouges des homards dépassaient les plats ; de gros fruits dans des corbeilles à jour s'étageaient sur la mousse ; les cailles avaient leurs plumes, des fumées montaient ; et, en bas de soie, en culotte courte, en cravate blanche, en jabot, grave comme un juge, le maître d'hôtel, passant entre les épaules des convives les plats tout découpés, faisait d'un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu'on choisissait. Sur le grand poêle de porcelaine à baguette de cuivre, une statue de femme drapée jusqu'au menton regardait immobile la salle pleine de monde.
Mme Bovary remarqua que plusieurs dames n'avaient pas mis leurs gants dans leur verre.
Cependant, au haut bout de la table, seul parmi toutes ces femmes, courbé sur son assiette remplie, et la serviette nouée dans le dos comme un enfant, un vieillard mangeait, laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce. Il avait les yeux éraillés et portait une petite queue enroulée d'un ruban noir. C'était le beau-père du marquis, le vieux duc de Laverdière, l'ancien favori du comte d'Artois, dans le temps des parties de chasse au Vaudreuil, chez le marquis de Conflans, et qui avait été disait-on, l'amant de la reine Marie-Antoinette, entre MM. de Coigny et de Lauzun. Il avait mené une vie bruyante de débauches, pleine de duels, de paris, de femmes enlevées, avait dévoré sa fortune et effrayé toute sa famille. Un domestique, derrière sa chaise, lui nommait tout haut, dans l'oreille, les plats qu'il désignait du doigt en bégayant; et sans cesse les yeux d'Emma revenaient d'eux-mêmes sur ce vieil homme à lèvres pendantes, comme sur quelque chose d'extraordinaire et d'auguste. Il avait vécu à la Cour et couché dans le lit des reines !
On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche.Elle n'avait jamais vu de grenades ni mangé d'ananas. Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu'ailleurs.
Les dames, ensuite, montèrent dans leurs chambres s'apprêter pour le bal.
Emma fit sa toilette avec la conscience méticuleuse d'une actrice à son début. Elle disposa ses cheveux d'après les recommandations du coiffeur, et elle entra dans sa robe de barège, étalée sur le lit. Le pantalon de Charles le serrait au ventre.
- Les sous-pieds vont me gêner pour danser, dit-il.
- Danser ? reprit Emma.
- Oui
- Mais tu as perdu la tête! on se moquerait de toi, reste à ta place. D'ailleurs, c'est plus convenable pour un médecin, ajouta-t-elle.
Charles se tut. Il marchait de long en large, attendant qu'Emma fût habillée.
Il la voyait par-derrière, dans la glace, entre deux flambeaux. Ses yeux noirs semblaient plus noirs. Ses bandeaux, doucement bombés vers les oreilles, luisaient d'un éclat bleu ; une rose à son chignon tremblait sur une tige mobile, avec des gouttes d'eau factices au bout de ses feuilles. Elle avait une robe de safran pâle, relevée par trois bouquets de roses pompon mêlées de verdure.
Charles vint l'embrasser sur l'épaule.
- Laisse-moi! dit-elle, tu me chiffonnes.
On entendit une ritournelle de violon et les sons d'un cor. Elle descendit l'escalier, se retenant de courir.
Les quadrilles étaient commencés. Il arrivait du monde. On se poussait. Elle se plaça près de la porte, sur une banquette.
Quand la contredanse fut finie, le parquet resta libre pour les groupes d'hommes causant debout et les domestiques en livrée qui apportaient de grands plateaux. Sur la ligne des femmes assises, les éventails peints s'agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire des visages et les flacons à bouchon d'or tournaient dans des mains entrouvertes dont les gants blancs marquaient la forme des ongles et serraient la chair au poignet. Les garnitures de dentelles, les broches de diamants, les bracelets à médaillon frissonnaient aux corsages, scintillaient aux poitrines, bruissaient sur les bras nus. Les chevelures, bien collées sur les fronts et tordues à la nuque, avaient, en couronnes, en grappes ou en rameaux, des myosotis, du jasmin, des fleurs de grenadier, des épis ou des bleuets. Pacifiques à leurs places, des mères à figure renfrognée portaient des turbans rouges.
Le coeur d'Emma lui battit un peu lorsque, son cavalier la tenant par le bout des doigts, elle vint se mettre en ligne et attendit le coup d'archet pour partir. Mais bientôt l'émotion disparut ; et, se balançant au rythme de l'orchestre, elle glissait en avant, avec des mouvements légers du cou. Un sourire lui montait aux lèvres à certaines délicatesses du violon, qui jouait seul, quelquefois, quand les autres instruments se taisaient ; on entendait le bruit clair des louis d'or qui se versaient à côté sur le tapis des tables ; puis tout reprenait à la fois, le cornet à piston lançait un éclat sonore, les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frôlaient, les mains se donnaient, se quittaient ; les mêmes yeux s'abaissant devant vous, revenaient se fixer sur les vôtres.
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 28 Aoû - 21:07

Suite de l'extrait 2

Quelques hommes (une quinzaine) de vingt-cinq à quarante ans, disséminés parmi les danseurs ou causant à l'entrée des portes, se distinguaient de la foule par un air de famille, quelles que fussent leurs différences d'âge, de toilette ou de figure.
Leurs habits, mieux faits, semblaient d'un drap plus souple, et leurs cheveux, ramenés en boucles vers les tempes, lustrés par des pommades plus fines. Ils avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pâleur des porcelaines, les moires du satin, le vernis des beaux meubles, et qu'entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. Leur cou tournait à l'aise sur des cravates basses ; leurs favoris longs tombaient sur des cols rabattus ; ils s'essuyaient les lèvres à des mouchoirs brodés d'un large chiffre, d'où sortait une odeur suave. Ceux qui commençaient à vieillir avaient l'air jeune, tandis que quelque chose de mûr s'étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s'exerce et où la vanité s'amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues.
A trois pas d'Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pâle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée au clair de lune. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d'avant, Miss-Arabelle et Romulus, et gagné deux mille louis à sauter un fossé, en Angleterre. L'un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient ; un autre des fautes d'impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval.
L'air du bal était lourd ; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruit des éclats de verre, Mme Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l'heure présente, sa vie passée, si nette jusqu'alors, s'évanouissait tout entière, et elle doutait presque de l'avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n'y avait plus que de l'ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu'elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents.
Une dame, près d'elle, laissa tomber son éventail. Un danseur passait.
- Que vous seriez bon, monsieur, dit la dame, de vouloir bien ramasser mon éventail, qui est derrière ce canapé !
Le monsieur s'inclina, et, pendant qu'il faisait le mouvement d'étendre son bras, Emma vit la main de la jeune dame qui jetait dans son chapeau quelque chose de blanc, plié en triangle. Le monsieur, ramenant l'éventail, l'offrit à la dame, respectueusement ; elle le remercia d'un signe de tête et se mit à respirer son bouquet.
Après le souper, où il y eut beaucoup de vins d'Espagne et de vins du Rhin, des potages à la bisque et au lait d'amandes, des puddings à la Trafalgar et toutes sortes de viandes froides avec des gelées alentour qui tremblaient dans les plats, les voitures, les unes après les autres, commencèrent à s'en aller. En écartant du coin le rideau de mousseline, on voyait glisser dans l'ombre la lumière de leurs lanternes. Les banquettes s'éclaircirent ; quelques joueurs restaient encore ; les musiciens rafraîchissaient, sur leur langue, le bout de leurs doigts ; Charles dormait à demi, le dos appuyé contre une porte.
A trois heures du matin, le cotillon commença. Emma ne savait pas valser. Tout le monde valsait, Mlle d'Andervilliers elle-même et la Marquise ; il n'y avait plus que les hôtes du château, une douzaine de personnes à peu près.
Cependant, un des valseurs, qu'on appelait familièrement vicomte, et dont le gilet très ouvert semblait moulé sur la poitrine, vint une seconde fois encore inviter Mme Bovary, l'assurant qu'il la guiderait et qu'elle s'en tirerait bien.
Ils commencèrent lentement, puis allèrent plus vite. Ils tournaient: tout tournait autour d'eux, les lampes, les meubles, les lambris, et le parquet, comme un disque sur un pivot. En passant auprès des portes, la robe d'Emma, par le bas, s'ériflait au pantalon ; leurs jambes entraient l'une dans l'autre ; il baissait ses regards vers elle, elle levait les siens vers lui ; une torpeur la prenait, elle s'arrêta. Ils repartirent ; et, d'un mouvement plus rapide, le vicomte, l'entraînant, disparut avec elle jusqu'au bout de la galerie, où, haletante, elle faillit tomber, et, un instant, s'appuya la tête sur sa poitrine. Et puis, tournant toujours mais plus doucement, il la reconduisit à sa place ; elle se renversa contre la muraille et mit la main devant ses yeux.
Quand elle les rouvrit, au milieu du salon, une dame assise sur un tabouret avait devant elle trois valseurs agenouillés. Elle choisit le vicomte, et le violon recommença.
On les regardait. Ils passaient et revenaient, elle immobile du corps et le menton baissé, et lui toujours dans sa même pose, la taille cambrée, le coude arrondi, la bouche en avant. Elle savait valser, celle-là ! Ils continuèrent longtemps et fatiguèrent tous les autres.
On causa quelques minutes encore, et, après les adieux ou plutôt le bonjour, les hôtes du château s'allèrent coucher.
Charles se traînait à la rampe, les genoux lui rentraient dans le corps. Il avait passé cinq heures de suite, tout debout devant les tables, à regarder jouer au whist sans y rien comprendre. Aussi poussa-t-il un grand soupir de satisfaction lorsqu'il eut retiré ses bottes.
Emma mit un châle sur ses épaules, ouvrit la fenêtre et s'accouda.
La nuit était noire. Quelques gouttes de pluie tombaient. Elle aspira le vent humide qui lui rafraîchissait les paupières. La musique du bal bourdonnait encore à ses oreilles, et elle faisait des efforts pour se tenir éveillée, afin de prolonger l'illusion de cette vie luxueuse qu'il lui faudrait tout à l'heure abandonner.
Le petit jour parut. Elle regarda les fenêtres du château, longuement, tâchant de deviner quelles étaient les chambres de tous ceux qu'elle avait remarqués la veille. Elle aurait voulu savoir leurs existences, y pénétrer, s'y confondre.
Mais elle grelottait de froid. Elle se déshabilla et se blottit entre les draps, contre Charles qui dormait.
Il y eut beaucoup de monde au déjeuner. Le repas dura dix minutes ; on ne servit aucune liqueur, ce qui étonna le médecin. Ensuite Mlle d'Andervilliers ramassa des morceaux de brioche dans une bannette, pour les porter aux cygnes sur la pièce d'eau, et on s'alla promener dans la serre chaude, où des plantes bizarres, hérissées de poils, s'étageaient en pyramides sous des vases suspendus, qui, pareils à des nids de serpents trop pleins, laissaient retomber, de leurs bords, de longs cordons verts entrelacés. L'orangerie, que l'on trouvait au bout, menait à couvert jusqu'aux communs du château. Le marquis, pour amuser la jeune femme, la mena voir les écuries. Au-dessus des râteliers en forme de corbeille, des plaques de porcelaine portaient en noir le nom des chevaux. Chaque bête s'agitait dans sa stalle, quand on passait près d'elle, en claquant de la langue. Le plancher de la sellerie luisait à l'oeil comme le parquet d'un salon. Les harnais de voiture étaient dressés dans le milieu sur deux colonnes tournantes, et les mors, les fouets, les étriers, les gourmettes rangés en ligne tout le long de la muraille.
Charles, cependant, alla prier un domestique d'atteler son boc. On l'amena devant le perron, et, tous les paquets y étant fourrés, les époux Bovary firent leurs politesses au marquis et à la marquise, et repartirent pour Tostes.
Emma, silencieuse, regardait tourner les roues. Charles, posé sur le bord extrême de la banquette, conduisait les deux bras écartés, et le petit cheval trottait l'amble dans les brancards, qui étaient trop larges pour lui. Les guides molles battaient sur sa croupe en s'y trempant d'écume, et la boîte ficelée derrière le boc donnait contre la caisse de grands coups réguliers.
Ils étaient sur les hauteurs de Thibourville, lorsque devant eux, tout à coup, des cavaliers passèrent en riant, avec des cigares à la bouche. Emma crut reconnaître le vicomte ; elle se détourna, et n'aperçut à l'horizon que le mouvement des têtes s'abaissant et montant, selon la cadence inégale du trot ou du galop.
Un quart de lieue plus loin, il fallut s'arrêter pour raccommoder, avec de la corde, le reculement qui était rompu.
Mais Charles, donnant au harnais un dernier coup d'oeil, vit quelque chose par terre, entre les jambes de son cheval ; et il ramassa un porte-cigares tout bordé de soie verte et blasonné à son milieu comme la portière d'un carrosse.
- Il y a même deux cigares dedans, dit-il; ce sera pour ce soir, après dîner.
- Tu fumes donc ? demanda-t-elle.
- Quelquefois, quand l'occasion se présente.
Il mit sa trouvaille dans sa poche et fouetta le bidet.
Quand ils arrivèrent chez eux, le dîner n'était point prêt. Madame s'emporta. Nastasie répondit insolemment.
- Partez ! dit Emma. C'est se moquer, je vous chasse.
Il y avait pour dîner de la soupe à l'oignon, avec un morceau de veau à l'oseille. Charles, assis devant Emma, dit en se frottant les mains d'un air heureux :
- Cela fait plaisir de se retrouver chez soi!
On entendait Nastasie qui pleurait. Il aimait un peu cette pauvre fille. Elle lui avait, autrefois, tenu société pendant bien des soirs, dans les désoeuvrements de son veuvage. C'était sa première pratique, sa plus ancienne connaissance du pays.
- Est-ce que tu l'as renvoyée pour tout de bon ? dit-il enfin.
- Oui. Qui m'en empêche ? répondit-elle.
Puis ils se chauffèrent dans la cuisine, pendant qu'on apprêtait leur chambre. Charles se mit à fumer. Il fumait en avançant les lèvres, crachant à toute minute, se reculant à chaque bouffée.
- Tu vas te faire mal, dit-elle dédaigneusement.
Il déposa son cigare, et courut avaler, à la pompe, un verre d'eau froide. Emma, saisissant le porte-cigares, le jeta vivement au fond de l'armoire.
La journée fut longue, le lendemain ! Elle se promena dans son jardinet, passant et revenant par les mêmes allées, s'arrêtant devant les plates-bandes, devant l'espalier, devant le curé de plâtre, considérant avec ébahissement toutes ces choses d'autrefois qu'elle connaissait si bien. Comme le bal déjà lui semblait loin ! Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d'avant-hier et le soir d'aujourd'hui ? Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. Elle se résigna pourtant ; elle serra pieusement dans la commode sa belle toilette et jusqu'à ses souliers de satin, dont la semelle s'était jaunie à la cire glissante du parquet. Son coeur était comme eux : au frottement de la richesse, il s'était placé dessus quelque chose qui ne s'effacerait pas.
Ce fut donc une occupation pour Emma que le souvenir de ce bal. Toutes les fois que revenait le mercredi, elle se disait en s'éveillant : « Ah ! il y a huit jours... il y a quinze jours..., il y a trois semaines, j'y étais ! » Et peu à peu, les physionomies se confondirent dans sa mémoire, elle oublia l'air des contredanses, elle ne vit plus si nettement les livrées et les appartements; quelques détails s'en allèrent, mais le regret lui resta.
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyMar 29 Aoû - 13:24

Que c'est beau... Smile Peut-être que les romans de Flaubert en eux-mêmes sont anti-romantiques mais l'écriture, elle, est si soignée, si belle! Je pense que tout le monde le sait mais j'aimerais faire une note quand même : Madame Bovary a connu un succès fou parce que dès son apparition, il a fait scandal. Le bovarysme, c'est-à-dire le fait de confondre sa vie avec celles des romans, était très présent dans les mentalités à cette époque. On lui a même fait un procès en 1857 qu'il a gagné.

Si ça vous intéresse, j'ai trouvé un site où est copié tout le RÉQUISITOIRE DE M. L'AVOCAT IMPÉRIAL, M. ERNEST PINARD. Je vous en donne le début :

Messieurs, en abordant ce débat, le ministère public est en présence d'une difficulté qu'il ne peut pas se dissimuler. Elle n'est pas dans la nature même de la prévention : offenses à la morale publique et à la religion, ce sont là sans doute des expressions un peu vagues, un peu élastiques, qu'il est nécessaire de préciser. Mais, enfin, quand on parle à des esprits droits et pratiques. Il est facile de s'entendre à cet égard, de distinguer si telle page d'un livre porte atteinte à la religion ou à la morale. La difficulté n'est pas dans notre prévention, elle est plutôt, elle est davantage dans l'étendue de l'oeuvre que vous avez à juger. Il s'agit d'un roman tout entier. Quand on soumet à votre appréciation un article de journal, on voit tout de suite où le délit commence et où il finit ; le ministère public lit l'article et le soumet à votre appréciation. Ici il ne s'agit pas d'un article de journal, mais d'un roman tout entier qui commence le 1er octobre, finit le 15 décembre, et se compose de six livraisons, dans la Revue de Paris, 1856. Que faire dans cette situation ? Quel est le rôle du ministère public ? Lire tout le roman ? C'est impossible. D'un autre côté, ne lire que les textes incriminés, c'est s'exposer à un reproche très fondé. On pourrait nous dire : si vous n'exposez pas le procès dans toutes ses parties, si vous passez ce qui précède et ce qui suit les passages incriminés, il est évident que vous étouffez le débat en restreignant le terrain de la discussion. Pour éviter ce double inconvénient, il n'y a qu'une marche à suivre, et la voici, c'est de vous raconter d'abord tout le roman sans en lire, sans en incriminer aucun passage, et puis de lire, d'incriminer en citant le texte, et enfin de répondre aux objections qui pourraient s'élever contre le système général de la prévention.
Quel est le titre du roman ? Madame Bovary. C'est un titre qui ne dit rien par lui-même. Il en a un second entre parenthèses : Moeurs de province. C'est encore là un titre qui n'explique pas la pensée de l'auteur, mais qui la fait pressentir. L'auteur n'a pas voulu suivre tel ou tel système philosophique vrai ou faux, il a voulu faire des tableaux de genre, et vous allez voir quels tableaux !!! Sans doute c'est le mari qui commence et qui termine le livre, mais le portrait le plus sérieux de l'oeuvre, qui illumine les autres peintures, c'est évidemment celui de madame Bovary.


Attention, à partir de là, l'avocat interprete, raconte, analyse de long en large l'oeuvre, selon telle qu'il la perçoit dans ses formes les plus scandaleuses. Si vous n'avez pas lu le livre, ne lisez pas ce plaidoyer!

Voici l'adresse : http://www.bmlisieux.com/curiosa/epinard.htm
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Touti
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptySam 6 Jan - 15:56

J'ai lu Madame Bovary pour la première fois il y a environ trois ans et je n'avais pas vraiment accroché, j'avais trouvé ça long et ennuyeux.
Actuellement, je le relis et c'est comme si je le découvrais pour la première fois : un style incroyablement ciselé et en même temps acéré. Pour moi, ce livre symbolise la littérature dans toute son ambiguïté. Flaubert dénonce la fiction de façon extrêmement radicale tout en nous offrant une oeuvre de fiction parfaite au niveau du style.
Mais d'un côté, ça me fait du mal de lire ce livre, parce que c'est horrible de voir comme les illusions y sont tournées en dérision, surtout qu'il y a du vrai dans ce texte. Enfin je suis vraiment admirative de ce livre. [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert Surprise
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 22 Jan - 0:33

Tu comprends exactement ce que Flaubert toute sa vie à voulu faire. Il voulait soigner son style de manière à arriver (en gros) à retracer la vie exactement comme elle est. C'est pour ça que c'est faux quand on lit Mme Bovary ou L'Education Sentimentale d'un point de vue sentimental et passionnel. Voulait faire une perspective de narration si calquée sur le réel qu'elle finirait par disparaître. Un livre tellement ennuyeux en somme, qu'il est parfait. Enfin, le mot ennuyeux est de moi, pour lui c'est absolument génial. C'est ce qu'il a pensé réussir avec l'éducation sentimentale. (il est tard, je vous expliquerai ça mieux une autre fois!)
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Svetlana
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyLun 22 Jan - 17:17

Mme Bovary est pour moi un livre très réussi. Quand on me parle de classiques, j'ai l'habitude de faire la moue. Pourtant, il y a 2 ans, je me suis forcée à le lire, je me suis accrochée au début pour ne pas le balancer par la fenêtre, et puis j'ai commencé à apprécié.
J'ai trouvé la fin triste et je vous avouerais que je n'ai jamais plaint Emma. Au contraire, je plaignais son mari... Son attitude était pour moi inacceptable à l'époque, mais j'ai l'impression qu'avec le temps, je la comprends de mieux en mieux quand j'y repense.

C'est une lecture très marquante, car la force de Flaubert nous entraîne toujours plus loin, mais je ne classerais pas ce livre dans la liste de mes préférés, c'est un genre qui ne me plaît pas assez. Pour moi, il faut un minimum d'intrigue.
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyMar 23 Jan - 23:25

Pour Flaubert, c'était justement l'absence d'intrigue qui constituait l'intrigue du roman; réussir cette absence-là, c'était atteindre la perfection dans l'art d'écrire.

J'étais aussi du côté du pauvre Mr Bovary et c'est tout à fait normal je pense : quelle petite conne et superficielle que Emma! Very Happy
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Svetlana
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyMer 24 Jan - 16:13

Tu viens de me réveler le but de Flaubert. En sachant cela, je comprend mieux, et je lui rend hommage, car il s'en est bien tiré.

T'y va peut-être un peu fort quand tu parles de Emma, non ? D'accord, elle était dans son tort mais en même temps, elle avait été élevée dans un esprit de princesse et de chevalier fou amoureux. C'est normal qu'elle ait toujours recherché le bonheur là où elle ne pouvait en trouver...
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert EmptyMer 24 Jan - 17:11

Bien sûr que j'y vais fort, j'étais à moitié ironique! A moitié parce que je comprends (éducation, circonstances et état moral, etc) mais que je ne soutiens pas ces sentiments face à la vie (goût personnel sans doute).
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MessageSujet: Re: [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert   [R + Ex + Av] Madame Bovary, Flaubert Empty

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