A la Croisée des Mondes...
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

A la Croisée des Mondes...

... là où l'écriture devance la pensée et défie l'imagination...
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où acheter le coffret dresseur ...
Voir le deal

 

 La ville en France

Aller en bas 
AuteurMessage
Amaryllis
Châtelain(e)
Châtelain(e)
Amaryllis


Nombre de messages : 141
Date d'inscription : 29/03/2006

La ville en France Empty
MessageSujet: La ville en France   La ville en France EmptyDim 18 Mar - 18:35

Je vous mets juste un petit topos sur la ville en France parce que c'est intéressant et parce que j'aime apprendre alors j'imagine qui a des gens comme moi ^^ Je vous en veux pas si vous lisez pas Wink

La généralisation de l'urbain en France est le phénomène le plus spéctaculaire de ces 50 dernières années. Paradoxalement, la France devient urbaine quand la ville devient synonyme de crise urbaine. Les débats sur la société sont mal digérés par la société française. Par son développement urbain, la France devient banale, elle évolue comme le reste du monde. D'un autre côté, cette évolution est originale car elle crée des problèmes d'organisation effectifs et mentaux. La france qui se banalise s'oppose à l'image de la France-guide donnant l'exemple au reste du monde, comme ce fut longtemps le cas au cours de son histoire. La ville semble trahir son originalité.

Il y a à ce chapitre trois notions clées : la ville, l'urbanisation et l'urbain. Chacune a deux définitions, une statistique et une géographique. La ville est ville à partir du moment où elle compte au moins 2000 habitants mais elle est aussi une commune importante par sa taille, ses activités, ses fonctions et ses paysages. L'urbanisation est la création d'une ville mais aussi l'augmentation de la population urbaine dans la population totale. Enfin, l'urbain est ce qui est relatif à la ville, mais c'est aussi l'ensemble constitué par la ville et les espaces gravitant autour. Ces sur ses trois notions que l'on peut axer notre réflexion.


Pour comprendre comment se crée une ville en France, il faut tenir compte de la situation (soit le contexte géographique) et du site (soit le lieu précis d'implantation). Il y a quatre situations en France : la situation des villes-basses (moins de 100 mètres), la situation maritime (ville-port comme Marseille, ville en fond d'estuaire comme Bordeaux, Nantes, Rouen, ville en tête d'estuaire comme Saint-Nazaire, Rochefort, Le Havre), la situation fluviale (Paris avec la confluence de la Seine et de la Marne ou Lyon avec la Saône et le Rhône) et la situation de contact (possibilité d'échanges entre des milieux différents, montagne et plaine par exemple, comme Clermont-Ferrand ou Grenoble). Les sites se comprennent en fonction des risques naturels et militaires. Le coeur de Paris par exemple se situe sur la montagne Ste-Geneviève, d'où on pouvait contrôler la Seine. Les sites évoluent ensuite, amenant progressivement la ville à devenir aire urbaine. La saturation dans Paris provoque l'installement démographique vers le nord de la ville. Les situations évoluent également : à côté des villes en fond d'estuaire se créent les villes en tête d'estuaire.


L'armature urbaine fut fixée à l'époque gallo-romaine. C'est un leg stable et long. Les romains fondent des villes dans les provinces romaines (Nîmes, Narbonne) et dans la Gaulle conquise (Lyon). Ils laissent des traces, des plans de villes en damnier avec deux axes : cardo (Nord-Sud, à Paris c'est la rue Saint-Jacques) et decumanus (Est-Ouest). Les romains ont conscience que l'essor des échanges se fait sur les routes et dans les villes. Vient ensuite le deuxième cycle et site important des villes, l'époque médiévale et moderne. Du 11ème au 13ème siècle, la France vit un renouveau des villes dans une période de développement économique (et donc, démographique) avec la création des "villeneuves". Les villeneuves sont des séries de petites villes, par exemple autour de la Garonne, qui suivent toutes le même schéma : remparts, rues quadrillées, place centrale et colonnades. Du 14ème au 15ème siècle, c'est une période dure : la guerre de cent ans. La peste, la guerre, la famine entrainent un véritable effondrement démographique et un certain déclin des villes. Du 16ème au 18ème siècle, la ville vit un certain renouveau. Elle se place comme affirmation de la puissance royale (Versailles), suit un nouveau schéma (statue équestre du roi sur la place centrale) et connait une organisation plus homogène et plus rigoureuse avec les Intendants, au service du roi.


La véritable rupture se joue au 19ème siècle, pendant - vous l'avez deviné - la Révolution Industrielle. C'est le début d'une véritable explosion de la population urbaine. La révolution entraîne un mécanisme à sens inverse : d'un côté, le moteur administratif, mis en place en fonction de l'importance des villes, vise à homogénéiser le territoire ; d'un autre côté, la RI entraîne une hétérogénéisation du territoire en favorisant les villes pré-industrielles (Paris, Lyon), les villes-ports (Marseilles, Nantes), les bassins houillers (Alsace, Massif-Central), et beaucoup restent en dehors de cette profonde évolution. L'évolution se fait en trois temps, une étape lente (1746-1848), une étape rapide (1848-1914) et une étape de stabilité relative jusqu'en 1950. La ville est alors profondément modifiée. Elle devient un lieu de production industrielle. La nécessité de loger les ouvriers entraine la création des "nouveaux quartiers", dont les corons (cités ouvrières des mineurs). Au milieu de ce siècle, Haussman apporte son grain de sel et rénove tout d'après son "culte de l'axe". Paris, qui n'avait pas changé depuis le moyen-âge et qui n'était jusqu'alors pas beaucoup plus important que les autres grandes villes, affirme sa prépondérance : le bassin du Nord est celui qui profite le plus de la RI et Haussman y met de l'hygiène et de la place.

A partir des années 60, une nouvelle époque s'installe dans l'histoire de la ville. Avec le renouveau de l'exode rural, la ville évolue en trois temps :

- 1950-70 : concentration urbaine, soit croissance des grandes villes et des centre-villes.
- 1970-1990 : déconcentration urbaine. Au sortir de la guerre, l'économie fordiste (travail à la chaîne) permet de créer des industries là où la situation ne le permettait pas auparavant. Il y a donc évolution de la périurbanisation et croissance des villes moyennes.

- 1990-2000 : regain démographique des grandes villes, métropolisation.

Les différences sont chronologiques mais aussi spatiales. L'évolution suit ce qu'on a appelé "le croissant lumineux", commançant au sud-est de la France (Nice, Grenoble), se poursuivant au sud-ouest (Toulouse, Bordeaux) et se terminant à l'ouest (Poitiers, Nantes). S'agit-il d'une inversion de dynamisme ou est-ce une question de géographie régionale?


On assiste à un véritable phénomène d'urbanisation. La ville se dévloppe hors des murs, notamment grâce à la révolution des transports (le chemin de fer au 19ème, l'automobile ensuite). Les transports permettent de dissocier la ville de son centre. Les emplois sont en ville, les employés sont hors de la ville. Asher et Godard parlent de "nouvelle révolution urbaine". Les changements techniques et économiques entraînent des changements spatiaux et sociaux. La conception de la ville se modifie petit à petit. Les limites extérieures de la ville sont brouillées. Pour se rendre compte de l'évolution du territoire français, les définitions statistiques sont obligées de se renouveller dans l'espace de 30 ans : contre les Zones de Peuplement Industriel et Urbain (ZPIU), qui font 98% de la France, on crée "l'aire urbaine" et "l'aire rurale", où l'espace à dominante urbaine/rurale s'évalue en fonction de la taille de la commune centre et du nombre d'emplois offerts. Les limites intérieures de la ville sont également brouillées. L'évolution de la périurbanisation entraine la délocalisation des fonctions premières de la ville-centre (fonction de commandement économique, social et politique) et renverse la conception classique : centre-dominant & périphérie-dominée. On rénove les quartiers dégradés et on y chasse du même coup les classes sociales plus basses. Les « BOBO », bourgeois-bohèmes s'implantent dans la ville, tendant celle-ci à s'homogénéiser d'une classe sociale élevée.La ville se conçoit en tant qu'agglomération, voire au-delà de l'agglomération, avec les communes satellites urbaines, en tant qu'aire urbaine.


Peut-on parler de ville aujourd'hui? En tous cas parle-t-on de l'urbain. L'aire urbaine se différencie de l'aire rurale par sa nature (fonction d'organisation, société, paysage), par ses fonctions premières (scolaires, militaires, religieuses, économiques) et par sa maximalisation des interactions sociales. L'état des lieux administratifs est définit par la loi de chevènement, la loi de l'aménagement du territoire et la loi SRU (Solidarité et relèvement urbains). Cette dernière définit le SCOT, Schéma de Cohérence Territoriale dans les domaines des transports, de l'écologie, des préventions des risques naturels et du social. Elle donne également les conditions et les délimitations de l'urbain, à savoir qu'une communauté urbaine en est une à partir de 500 000 habitants et qu'une communauté d'agglomération est d'au-moins 50 000 habitants avec une commune-centre de plus de 15 000 habitants.

C'est à partir des villes ou de l'urbain que l'on peut aujourd'hui essayer de comprendre l'organisation du territoire. C'est aussi à partir de là qu'on peut essayer d'aménager le territoire. La gestion de l'urbain présente trois difficultés. La première est celle de la circulation. L'urbain s'étalant, les transports se multiplient et entrainent des problèmes de connexions. Par exemple, comment relier les banlieues? Par là, ça pose aussi le problème des construction d'infrastructures nouvelles. Comment construire des autoroutes sur des espaces verts ou déjà urbanisés? La deuxième difficulté est celle de la coordination. Désormais, des communes de statut économique et financier doivent travailler en commun des problèmes relatifs à la construction des infrastructures, aux transports ou à l'écologie. Le système de péréquation, visant à demander une contribution économique d'une commune relative à son statut social, ne suffit pas à rectifier les inégalités causés par l'urbanisation. Enfin, il y a la difficulté de la représentation politique. La base de cette représentation se situe au niveau de la commune. Or les problèmes de l'organisation du territoire sont à présent à situer au-delà même du tissu communal. Faut-il créer des structures nouvelles, associant les institutions avec les forces vives, afin de résoudre des problèmes précis? Il faut créer des nouveaux repères. La question de l'appartenance est de plus en plus cruciale : un habitant de banlieue parisienne se sent-il chez lui dans sa petite ville, mettons Ville d'Avray, dans la ville de fonction la plus proche, comme alors Versailles, ou bien dans Paris? Doit-on lancer le mot d'ordre de la gouvernance?

Désormais, c'est à partir des villes que l'on peut essayer de comprendre l'organisation du territoire. Quant à moi, j'aimerai à l'avenir axer ce sujet qui me passionne sur le problème suivant : quels changements internet entraine-t-il dans la vision de l'espace? A l'image de la ville, internet brouille les limites intérieures et extérieures du chez-soi. C'est un extérieur qui s'impose à l'intérieur, le reste du monde chez soi ; mais c'est aussi un intérieur dans l'intérieur, une nouvelle dimension à l'intérieur d'une famille.
Revenir en haut Aller en bas
 
La ville en France
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
A la Croisée des Mondes... :: Divers :: Discussions-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser